dimanche 3 mars 2019

sans se dire


est ce le passé, le présent ou le futur
un souvenir ou un avenir
peu importe
un peu de moi
et une phrase que je devais placer
dans ... mon histoire




photo du net



Il m’a proposé de se voir et j’en fus ravie. Un lieu public, une terrasse d’un café. Cependant avec ses conditions : chacun à sa table et juste s’observer sans se parler. Je souris à cette idée un peu insolite comme j’aime. Venir naturelle telle fut sa demande.

L’endroit et l’heure furent choisis. Pas de signe distinctif, nous savions déjà nous reconnaître. Mon côté taquin a hésité : un livre au titre évocateur pour lui comme pour moi ? non je résiste à faire de l’humour. Habillée comme tous les jours, juste cette longue chaîne et au bout se balançant entre mes seins une pierre minérale, un talisman.

Dans cette ville qui n’est pas mienne, je n’ai pas de repère, je quitte aussi ma zone de confort. Organisée, j’ai regardé 3 fois, 6 fois voir plus la route que je dois prendre. A mon habitude, 15 minutes d’avance.  C’est jour de marché, jour d’affluence.

Je fais le tour du quartier.  Je regarde les murs, les pierres, les portes … en fait je ne vois rien ! 7 minutes d’avance, je soupire. Je traîne devant les étals pour laisser le temps s’égrainer.  3 minutes avant l’heure, je vais m’installer à une table, à cet endroit choisi avec soin, un mélange de moderne et d’ancien, de bois et de fer.

Le serveur arrive déjà pour prendre ma commande. Oui j’ai soif mais quoi prendre ? un verre de vin ? c’est un peu tôt pour moi ; un thé blanc ou un café allongé ? je ne sais pas, je lance au hasard mon choix. Je guette les autres tables. Ouf, il reste encore de la place.

Deux couples à coté de moi qui parlent, les sons m’arrivent comme à travers un brouillard, assourdis. J’entends et ne comprends rien.  L’heure est passée depuis 2 minutes et personne. Je consulte mon portable, pas de message. Le serveur dépose ma tasse et un verre d’eau, encaisse l’argent. Il va vers une autre table où s’est installé un homme et me dégage la vue. Je guette.

Il est là, assis à 4 mètres de moi. Je ne l’ai pas vu arriver, j’aurais aimé le voir marcher vers moi, je sais qu’il est grand et j’ai mis 8 cm de talons. Nos yeux se croisent, je ne peux me détacher, je soutiens son regard, intense.  Rien ne bouge sur son visage, je sens la sueur couler dans mon dos. Et puis vient son sourire qui amène le mien. Je m’entends soupirer, mes dents mordillent mes lèvres. Mes genoux s’entrechoquent et tremblent. Je pose une main dessus et tire aussi sur ma jupe qui était remontée. Un froncement de sourcil de sa part, je relève un peu le tissu, je rougis.

Sa commande arrive, pas surprise de sa boisson. J’étudie la façon dont il tourne la cuillère dans sa tasse, étrangement émue de voir ses gestes. Il m’avait prévenu des couleurs de sa garde-robe, je trouvais ça sobre et classique. Aujourd’hui il est tout de gris, simple et élégant. La manche de sa veste relevée je découvre le poignet et ce bracelet que je connais déjà. Je bois doucement, tout en le regardant. Nos yeux se parlent, conversent sourdement.

Il me fait signe de me lever et d’aller sur le marché. En cette fin de matinée, beaucoup de monde. Je me ballade d’un stand à un autre. Je m’arrête devant un charcutier où il y a des clients qui attendent. Il me suit, pose sa main sur ma hanche. Aussitôt mes épaules, ma tête, mon corps se redressent. Sa paume, une brûlure et une caresse, et mes battements qui s’affolent.  Du bout des doigts, il me fait signe d’avancer. Je suis le trottoir, les magasins. Je le sens à 2 ou 3 mètres derrière moi.

Je passe devant une vitrine qui me donne une idée, je me retourne pour lui faire un sourire et me tiens debout devant le magasin … de lingerie fine. Il stoppe aussi. Comme les gens dans la rue me bousculent un peu en passant, il se met dans mon dos en rempart. Il se colle, je sens son bas ventre. Vibrations dans mes reins et mes jambes me soutiennent difficilement. J’entends son souffle, dans la vitre son reflet. L’envie un peu folle de mettre ma main dans ses cheveux ébouriffés. Je fais un grand sourire, contente de ma blague. Je le vois se pencher vers mes cheveux, déposer un baiser sur le haut de mon oreille. Il me sourit, je suis contente et … pousse un petit cri quand il me mord le lobe de l’oreille.

Quelques personnes se retournent puis continuent leur chemin. Mes joues sont écarlates, et je ne bouge pas. Ses mains se posent sur ma taille, glissent sur mes fesses et remontent doucement. Ses doigts cherchent quelque chose dans sa poche puis viennent se poser sur ma poitrine. Mon cœur bat plus fort, plus vite, ma respiration s’accélère. Son index et son majeur écartent mon chemiser et s’insinuent entre mon soutien-gorge et ma peau. Pourtant ce n’est pas sa peau qui me touche mais quelque chose de désagréable. Pas le temps de réagir, il me fait un coucou et s’en va.

Je reste là, étonnée ne sachant que faire, perdue. Un homme me regarde fixement. Ah oui, mon chemisier est un peu ouvert. Je le remets en place et là je sens un objet qui me gêne. Je fouille dans mon soutien-gorge et découvre un papier. Avec un sourire surement idiot, je le déplie et y trouve une heure et une adresse. J’ai envie de sauter de joie, je relève juste la tête et le cherche. Il est déjà au bout de la rue et avant de prendre à gauche il se retourne, s’arrête juste le temps que je lui fasse un signe de tête. J’acquiesce. Oui, oui j’y serai.  Je serai là devant mon charmeur d’émotions qui poussera les miennes jusqu’à leur paroxysme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire