vendredi 6 avril 2018

réveiller son corps




image du net



Avril 2016, envoyée dans une ville de province que je découvre pour la 1ère fois. Mes stagiaires ont été intéressants et je sors de ma journée épuisée et contente. J’ai lu que le centre-ville datait du moyen-âge et le temps est doux, j’ai envie de me promener. Je parcours ces ruelles qui montent et qui me racontent leur histoire. Une petite brise, des odeurs de cuisine, des rires d’enfants Je marche sur les pavés en me demandant combien d’êtres les ont foulés avant moi. Je touche les pierres douces et froides, les murs qui murmurent les bons et mauvais moments qu’ils ont vécu. Il commence à faire sombre quand mes pas m’amènent sur une jolie place avec quelques troquets, les lampadaires sont allumés et dessinent des ombres chinoises. Des tables en fer, des sièges avec coussin, quelques géraniums aux fenêtres du 1er étage, ces maisons de roc et ces petits trottoirs sur lesquels on ne peut marcher, ces petites margelles devant les portes en bois.  Des vieux heurtoirs en fer rouillé, à moins que ce soit du laiton. Je ne peux m’empêcher de les toucher.


Je m’installe à la terrasse d’un café, le siège est un peu ferme, ma main caresse le fer de la table. Je profite de la douceur de la soirée. Le serveur vient, je commande un Tariquet. Je souris. Il y a un mois mon sourire était mécanique. Là vraiment je me sens respirer et vivre. Il a suffi de dériver presque une heure dans ces eaux de caraïbes pour me redonner gout à la vie. Cet accident de plongée m’a ramené un nouveau souffle. Mon cœur ne s’ouvre pas encore, il n’a pas encore réappris à aimer, il me faudra encore du temps, quelques mois,… mais l’envie d’être est là.

Le serveur me dépose le verre, je prends une première gorgée. Je laisse mon dos se relâcher contre la chaise, et j’observe les gens autour de moi. A 3 tables de là, un homme retient mon attention. Il n’est pas beau, ni laid. Il dégage juste quelque chose qui m’aimante. Mon regard revient sans cesse vers lui. Il fait de même, sourit, me fixe.

J’allume une cigarette pour me donner une contenance, bois une nouvelle gorgée. Le vin est frais, je le sens s’écouler dans ma bouche et ma gorge. Je ferme les yeux.

Il arrive et me prend la main, je le suis. Il m’emmène dans une ruelle et me colle contre le mur. Aucun mot. Il pose sa main gauche sur ma gorge, je mets ma droite sur son poignet avec douceur. Son regard sombre mais pas froid se fixe dans le mien, je baisse les yeux. Il ressert sa poigne jusqu’à ce que de nouveau nos regards se croisent. Et pendant cet échange, de sa main droite, il soulève mon chemiser, ses doigts glisse sur ma peau, frôlent mes seins. Je frissonne. Il se rapproche. Pas de paroles pas de baisers (ça m’arrange : il n’y a que si j’aime un homme que je l’embrasse à pleine bouche dans les rues ou en public). Sa main devient plus furtive, elle vient toucher, caresser, pince mes tétons durs.
Il vient ensuite glisser ses doigts entre ma peau et mon collant, après avoir soulevé ma jupe.  Sans même m’en rendre compte, j’écarte les cuisses, sans que notre vision se brise. Il commence à s’insinuer dans mes chairs, je retiens un gémissement. Nous entendons des passants arriver. Il enlève sa main, approche son visage de mon oreille et me dit juste « chut », je ne peux pas deviner le son de sa voix. Je souris aux passants qui nous prennent pour des amoureux. Il me guide en appuyant son bras dans le bas de mon dos, et nous dévalons la ruelle. A un moment il me pousse à gauche sous un porche.
J’ai à peine le temps de découvrir un renfoncement qu’il me colle contre le mur en pierre, ça sent l’humidité. Mes mains s’accrochent aux pierres plus hautes je sens les aspérités sous mes doigts, mes pieds se posent naturellement sur la margelle. Instinctivement mes fesses se mettent en arrière prêtes. Il est derrière moi, je l’entends enlever sa ceinture, déboutonner son pantalon. Je souris, j’ai envie. Il soulève ma jupe, fait glisser mon collant et mon slip jusqu’à mes genoux (pourquoi je n’ai pas mis de bas aujourd’hui !). Il remonte ses mains restant toujours en contact avec ma peau, ses mains qui arrivent à mes fesses. Mes jambes s’écartent et …

Je pousse un petit cri, j’ouvre les yeux. Ma cigarette vient de me brûler l’index. Je me rends compte que là seule à la terrasse d’un café, j’ai fantasmé. Mon regard rencontre celui de l’homme, il me sourit, ses yeux me dévisagent glissent sur ma poitrine et descendent à ma jupe. Je regarde aussi. Ma main droite est serrée sur l’ourlet de ma jupe que j’ai relevé jusqu’en haut de ma cuisse. Ma tête remonte vers l’homme qui sourit encore plus, je vois ses dents. Je rougis (oui je sais, c’est mon côté petite fille parfois !). Il se lève, va payer. Il passe ensuite doucement devant moi, toujours ce sourire moqueur. Le serveur arrive, je lui demande combien je lui dois. Il me répond que c’est le monsieur qui part qui a payé pour moi. Je vois l’homme avancer au bout de la rue, le serveur ne me lâche pas d’un œil. Je me lève, je prends mon temps (oui pour tout le reste je vais vite, trop vite, mais dans ces moments j’aime ralentir le temps).

Je ferme le bouton de ma veste, range mes cigarettes dans mon sac. Je dis au revoir au serveur, je vois qu’il reste sur place.  J’avance. L’homme s’est arrêté au bout de la route, il se retourne, m’observe, tourne à droite.  J’avance. Je souris, j’ai envie de remercier cet homme qui vient de réveiller mon corps. J’avance. Je sens le serveur derrière moi qui guette mes gestes. J’avance. Si je vais à droite je suis l’homme, si je vais à gauche je rentre à l’hôtel. Alors je me retourne. J’ouvre grand les bras pour faire comprendre au serveur que je ne sais pas. Je tourne sur moi-même pour soulever ma jupe, je souris et …j’avance



2 commentaires:

  1. Véritable délice de vos Sens....Les cafés et cigarettes ne font pas toujours bon ménage ensemble ;)....
    De vos songes à votre réalité...Merveilleux partages que vous nous offrez là....On vous suit, on vous lit, on vous espère....Et chute....L'hésitation à la fin...Nous laisse sur notre Faim de mots....A quand cette Fin ...des Sens...

    Merci à Vous très chère

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  2. merci de votre regard et de vos mots ... la chute, oh vous vous en doutez bien ... mais chut! laissons un peu de mystères

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