jeudi 20 septembre 2018

la courgette dans le potager

Imaginez..
Vous, moi, et d'autres, des gens, des proches, des inconnus. tous regroupés là à vous écouter. Vous demandez d'aller chercher chacun une courgette dans le potager. J'ose, rougissante parce que c'est difficile pour moi de parler devant tout le monde, demander le but : mon cerveau est comme ça, j'ai besoin d'explication, ça me rassure (ne pas confondre expliquer et justifier)

Vous ne répondez pas. Peut-être que vous ne savez pas vraiment ce que vous voulez, ce que vous en ferez et pour moi c'est encore plus compliqué. Alors je suis là les bras ballants et plein de questions dans la tête, parfois ça fait mal parce que ça se bouscule.  Et je prends la première courgette que je trouve et je la ramène à vos pieds.

Vous êtes occupé à regarder les gens chercher leur courgette. Vous ne me voyez pas. d'ailleurs souvent je suis transparente (anecdote vraie que mes parents m'ont racontée : un jour ils ont fait demi-tour sur la route parce qu'il croyait m'avoir oubliée chez des amis, j'étais dans la voiture, juste silencieuse et transparente).




Je vais m’asseoir au soleil, sur un muret. J'aime quand les rayons me réchauffent la peau, cette impression de douceur et de sécurité. je regarde le potager. Je regarde les gens dans le potager. Et mon cœur et mon cerveau se mettent en route à leur rythme.

Un homme, avec une courgette très grosse, passera devant moi sans me voir.Je ne suis ni belle, ni mince, ni jeune, ni élégante, je n'ai rien d'exceptionnel et il ne me verra pas.

Mon regard se perdra dans le potager. je verrais cet homme âgé qui a du mal à se baisser et je souffrirai pour lui, j'aurai des élans de tendresse que je ne sais pas éteindre.

Pendant ce temps mon cerveau calculera la surface du potager, en m² et en cm, pour faire quelques multiplications de tête.

Mon meilleur ami s’arrêtera pour m'expliquer qu'il a déjà analyser et sait comment optimiser la récolte. il est comme ça.  Parfois il alimente ma tête de pleins d'informations, ça me fait oublier les maux de la Terre.

Je regarderai cette femme qui de suite à réussi à engager la conversation avec d'autres, qui est à 'aise et souriante. je l'envierai de savoir parler aux inconnus, se lier facilement.

Mon amie d'enfance aura facilement comme toujours trouvé des personnes pour l'aider. Elle passera devant moi et râlera encore sur mon coté sauvage, associable.

Mon cerveau va chercher à savoir toutes les sortes de légumes, fouiller ma mémoire pour me rappeler des recettes.

Des gens passeront en groupe, bruyants. je me reculerai un peu. les jungles humaines me font peur, je n'y suis pas à l'aise sauf quand la musique arrive à me transporter.

Mes émotions me submergeront au souvenir d'odeurs de légumes, au miracle sans cesse renouvelé de la nature.

Je ne retiendrai pas comment tous sont habillés. Restera dans ma mémoire ancrée des senteurs, le vent dans mes cheveux, des gestes tendres ou ordinaires, des gestes magnifiques de beauté.

Le groupe se réunira et je serai toujours assise sur mon muret. Un m’appellera peut-être, un autre lui répondra de me laisser, que je suis ailleurs différente. ah ce grand mot que j'entends depuis des années "différente". je préfère dire que je suis à part, pas adaptée à votre société.

Fatiguée par tous ces sentiments qui s'entrechoquent, je m'allongerai dans l'herbe. Je fermerai les yeux en essayant de rêver d'être un enfant, glisser du toboggan. Et dans ma tête plein de question sur les courgettes : d'où elles viennent, qui a eu l'idée de les goûter, les cultiver, ...

Je l'ouvrirai à l'odeur de l’herbe, aux mots prononcés dans le groupe qui deviendront de ma bulle des murmures, au bruit de l'air, à la douceur brute des pierres.

La nuit viendra, avec ses gazouillements et ses chuchotements. je frissonnerai, bercée par la tiédeur. je chercherai dans le ciel noire une étoile, pas une grande ni une brillante. une petite qui de cache, l'ombre est ma planète. j'admirerai la lune, muse fascinante de tant de poètes. Moi je crois que j’aurai pu tomber en amour de Pierrot

Vous viendrez fermer la barrière, vous me trouverez là allongée. je voudrais encore vous demander à quoi vont servir toutes ces courgettes. et puis mes émotions reprendront le dessus alors je dirai juste :
"dis petit prince, emmène moi sur ta planète, rassure-moi, protège-moi, j'ai mal de me cogner aux choses et aux gens. je ne veux pas être un zèbre juste un mouton qui te tienne compagnie"


image du net



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