dimanche 10 décembre 2023

Mon Alice

 

Alice, mon Alice tu croques dans ce gâteau comme si tu croquais la vie et te voilà grande si grande tu penses dominer le monde tu pars en croisade contre toutes les injustices sauver les humains en haut des barricades tu hurles plus fort que les autres tu t’épuises à courir après le temps avec ton lapin blanc chaque minute gagnée est une vie sauvée crois tu


Alice, mon Alice curieuse que tu es tu bois à même la bouteille et découvre le narguilé tu te crois au pays des merveilles et tu planes tu survoles te créant des amis imaginaires avec lesquelles tu voyages regardant toujours le temps s’écouler de peur de manquer tu parles tu fais de grands discours toujours un verre de vin à la main pour enfin trouver le sommeil qui t’apaise

Alice, mon Alice tu te nourris l’esprit dans ta chambre enfermée tu prépares ta thèse un diplôme de plus à accrocher sur le mur qui risque de s’écrouler tant il en est chargé tu passes tes nuits à réviser à apprendre à déconstruire vite, vite te dit le lapin blanc tu enchaines les master les jurys pour te remplir d’un vide que tu ne sais combler telle une cocotte-minute tu fais monter la pression je vois la vapeur prête à exploser

Alice, mon Alice où es-tu donc passée je te retrouve dans un château de cartes où un couple sadique jouent au roi et à la reine et te rendent esclave tu es nue écartée tant d’hommes t’ont abusée à chaque heure un nouveau corps comme pour t’occuper j’ai de la peine à te ramener je peine et mes larmes ne peuvent couler

Alice, mon Alice toute petite dans cette blouse trop grande tu cries que tu veux sortir que tu perds ton temps tu écrases des chenilles imaginaires tu ne veux pas parler au psychiatre tu dis qu’il a des yeux de chats tu ne les as jamais aimés même les miens d’après toi ils te regardent avec un air sournois tu t’arraches les cheveux et tu me fais peur c’est égoïste j’ai peur parfois dans mes angoisses et mes crises de panique de ressembler à la folie qui s’empare de toi

Alice, mon Alice le temps passe ton lapin blanc déboule et tu cours toujours moins vite maintenant moins haut moins fort heureusement tout s’espace et pourtant tu cherches encore à combler le temps le vide tu arrives joyeuse volubile un cadeau choisi pour chacun la grande vie le restaurant tut est chronométré comme un spectacle bien répété tes yeux brillent ton sourire éclatant ta générosité jusqu’à quand

Alice, mon Alice boulimique tu veux encore manger et si je te préparais une salade de fruits frais ce matin le chasseur a tué le lapin blanc explosant la trotteuse et ses ressorts en viscères jaune d’or serait ce le moment de s’arrêter et si tu me prenais la main asseyons-nous là sur ce tronc d’arbre nourrissons-nous de beau tiens prends ce livre d’images et raconte-moi

Alice, mon Alice

Raconte-moi notre enfance

Quand tout n’était qu’innocence

1 commentaire:

  1. C'était un chaud lapin, ce lapin blanc, au moins ?
    La vie (sexuelle), quelle aventure !

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