lundi 18 décembre 2017

énigme

Vendredi soir 18h, appel de S.
« Tu trouveras une enveloppe entre ton matelas et ton sommier, rendez-vous dans 2 heures précises 
-          Je dois emmener quelque chose, ai-je juste le temps de répondre
-          Non rien, mais tu dois être là pour 20h ». Et il raccroche
Je fonce dans ma chambre et retourne le matelas tout en me demandant depuis quand i a préparé tout ça. Je trouve l’enveloppe et la déchire.  Mince une énigme. Je dois trouver la ville et une adresse. Pour la ville, malgré son nom latin, je reconnais. Voyons il me faut environ 25 minutes pour y aller. Venant de S. cela me semble trop simple. Par contre concernant la rue, je comprends qu’il va me falloir de l’aide.  Je prends mon téléphone et appelle mes parents. Ma mère répond et commence à me parler du temps. Je la coupe :
« Peux-tu me passer papa s’il te plait, j’ai une question à lui poser ?
-          Qu’est-ce que je peux faire pour toi, me dit mon père
-          - voilà je suis invitée à une soirée mais je dois trouver l’adresse c’est un jeu. Je pense qu’il s’agit d’un homme politique de la IVème république »

 Je lui lis la partie de l’énigme qui nous intéresse et il me donne de suite le nom de l’homme. Je n’ai pas le numéro de la rue donc je rajoute
« Et tu sais à quelle date il a été au gouvernement ? »
Mon père me donne 2 dates, il n’est pas très sûr. Il me souhaite une bonne soirée. J’attrape mes clés, mon sac à main, mon manteau et mon écharpe (c’est l’hiver !) et je fonce à ma voiture. Je me rends compte que je ne sais pas où se trouve cette rue. Je reviens chez moi, attrape l’annuaire et le plan de la ville. Je situe la rue et arrache la page.  Oui cet homme m’obsède et je ne veux pas le décevoir.
Je démarre. Je roule. Ce matin je gérais une réunion devant 5 directeurs de site où je mettais en place un plan d’action et ce soir je fonce sans me poser des questions juste pour lui. 30 minutes plus tard je suis dans la rue. J’ai le choix entre une grande maison et un magasin de location de déguisement. Je souris et entre dans la boutique. Je me présente en demandant s’il y a un colis pour moi. La vendeuse me sort un petit carton avec un mot pour me préciser de ne l’ouvrir qu’en arrivant.
« Je vous dois quelque chose ?
-          Non le monsieur a tout payé et s’est engagé à tout rapporter mardi. Il vous a aussi laissé ceci »
Elle me tend une enveloppe et me souhaite un bon week-end. Je sors du magasin. 18h45. Je regarde le message. Ouf là je sais quel président est mort dans les bras d’une prostituée ! concernant le numéro de rue, S. me connait bien : il a dessiné 2 formes à plusieurs angles. Je calcule : 1ère forme 3 angles, 2ème forme 7angles donc au 37. Je sors le plan et cherche la rue qui est … à 4 km à peu près et dans le centre-ville un vendredi soir. Je décide de reprendre ma voiture, j’ose croire que la chance sera avec moi pour me garer. Et elle est là !
Je découvre que je dois entrer dans une boulangerie. A la vendeuse, je demande ma commande. Je suis un peu surprise quand elle me tend un panier en osier rond recouvert d’une serviette à carreaux blanche et rouge. Je la questionne sur un message ou une enveloppe laissée. Elle n’a rien d’autre pour moi. Il est déjà 19h15 quand je sors. Je commence à paniquer. Je fais quoi maintenant ?
Je soulève le panier : des petits pains ronds, une motte de beurre et un pot de lait en fer. Je cherche un indice au fond : rien.
Les yeux dans le vague, je réfléchis. En même temps, je pose le panier dans ma main gauche et là euréka ! je sens un papier. J’enlève le scotch et attrape la feuille : nouvelle énigme et hélas c’est un lieu géographique, ma bête noire.  Je regarde l’écriture, cherche en vain dans ma mémoire. Les magasins vont fermer.  Un monsieur âgé promenant son chien me demande :
« Vous avez l’air perdu, vous chercher quelque chose ?
-          En fait je fais un jeu de piste et là je ne vois pas » je lui tends le papier
J’avoue que voyons sa tête souriante, l’espoir me revient. Il m’explique que ce n’est pas un lieu géographique mais un ancien métier qu’il fallait trouver et me donne le nom, bien sûr le nom d’une rue. Puis il m’indique la route à suivre. Dans mon élan, je l’embrasse sur la joue et je le laisse là étonné pendant que je me dépêche. Je peux y aller à pied.  Arrivée à destination, je débouche sur une grande avenue mais je n’ai pas de numéro. Il est 19h48. Je reprends ma marche d’un pas rapide. Une maison bourgeoise, sur la poignet une serviette rouge et blanche, c’est bon j’y suis. Je m’arrête et souris, décide de fumer une cigarette, de souffler un peu.  Qu’est-ce que je ne ferai pas pour lui quand même !
Je prends le temps de la savourer puis sonne, le couloir est allumé. Pas de réponse. Je mets la main sur la poignée, la porte s’ouvre. Parterre, dans le couloir, des pétales de roses guident mes pas. Les fleurs m’amènent à la salle de bain où se trouve ma trousse à maquillage que je laisse chez S. il a vraiment tout prévu et je suis donc dans les temps. Je me déshabille, prend ma douche, et ouvre le paquet : un serre taille noir, des bas noirs à y attacher, mes chaussures à talons aiguilles, et une grande cape rouge… bref le petit chaperon rouge. Mais il va me faire tous les contes de Perrault ! Je m’habille et je maquille. Un peu de parfum. Je relève la capuche sur mes cheveux et sors de la pièce.
Entre temps des bougies ont été mises et allumées sur le sol. Je suis la lueur et débouche dans un salon. Sur un fauteuil rouge est posé un bandeau noir. Sur la table basse se trouve une caisse. Sur un bristol est marqué « ce soir petit chaperon rouge je vais te croquer » Signé : le grand méchant loup ou mère grand ? Un PS : ne pas ouvrir.
Je m’assoie sur le fauteuil, mets le bandeau sur mes yeux et attends … longtemps. Il pose ses mains sur mes épaules, je sursaute je ne l’ai pas entendu arriver. Et je souris quand il me dit « franchement je n’aurais pas cru que tu serais arrivée à temps ».


(La suite est trop longe à raconter et puis votre imagination fera aussi bien. Sachez que le panier a bien servi de petit déjeuner … les petits pains beurrés … et autres plaisirs gustatifs)
Lundi soir, mes enfants jouent sur la balançoire chez mes parents pendant que je bois mon thé. Ma mère me dit :
« Et alors ton jeu d’énigme tu y es arrivée ? tu as gagné quoi ? »
-          C’était juste pour trouver où c’était, et oui la soirée était très agréable, je réponds
-          Tu as de drôles d’amis quand même, c’est original et amusant comme jeu »
Je souris sans rien dire avec me reins qui me picotent, mes seins qui se dressent au souvenir de la soirée. Oui maman tu as raison avec toute cette routine du quotidien, j’ai trouvé le moyen de profiter de la vie … de façon plus originale et ô combien épanouissante.  Je descends dans le jardin rejoindre mes enfants, nous balancer. Je suis bien.


Gitane, sombremoi  2003

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