dimanche 1 octobre 2017

août rage



2001

S. vient de partir d’un week-end tous les deux. Mon corps conserve encore son odeur et les courbatures … je décide de prendre une douche et de changer mes draps avant que mes enfants reviennent de chez leur père.
Lavée et nue, j’entre dans ma chambre et commençais à enlever la literie. En soulevant un oreiller je découvre une feuille pliée en quatre. Je l’ouvre, la lis et reste sidérée par le message

« Les charmes de la sodomie
Laisse-toi faire ma chérie
Un peu de courage
Osez cet outrage 
Bravons tes interdits
Plaisir garanti »
Suivi d’une date et d’une heure … soit dans un mois !


Troublée, inquiète et curieuse, je souris. J’essaie de m’occuper mais mon esprit est ailleurs.  Après le repas du soir où j’étais peu attentive aux babillages de mes enfants, je les couche et me précipite sur mon ordinateur.
Je découvre d’abord que la sodomie a été dépénalisée en France en 1791 (révolutionnaire ?). Je lis plusieurs articles qui expliquent que les femmes rebutent à cet acte à cause de valeurs anciennes et ancrées : la sodomie n’est pas un acte reproductif mais juste de plaisir et de jouissance donc tabou dans l’esprit féminin.

Les jours suivants, je pianote toujours sur la toile pour calmer mon appréhension. S. qui me connait bien m’envoie quelques messages d’humour.
Le mercredi soir, il vient passer la soirée avec moi quand les enfants dorment. Il évite la conversation sur le sujet qui m’intéresse et me couvre de baisers et de caresses. J’oublie mes craintes et me laisse glisser sur le chemin du plaisir.

Lors de notre week-end bi mensuel, je sais qu’il ne va pas me laisser aborder les questions. Nous sortons, voyons des amis, dansons. Parfois il me sourit de son air mutin et ses yeux sont malicieux. Je réponds à son jeu.
En rentrant chez moi, je découvre dans mon sac à main une nouvelle feuille pliée. C’est l’habitude de S. il me laisse des mots d’amour qu’il ne dit pas, des citations qu’il veut me faire partager, parfois des petits dessins.
Il s’agit d’un article sur la sodomie : l’écrivain (ou journaliste) explique que la femme doit être préparée, que le partenaire doit lui faire produire des endorphines afin d’inoculer un peu la douleur.  Tout un chapitre expose la lubrification et les différentes positions.  Enfin le dernier paragraphe (surligné par S.) informe sur le mélange entre la souffrance et le plaisir, le partage d’un acte intime avec son partenaire, de confiance les dernières phrases développent le lien de dominé/dominant de ce type de pratique et des plaisirs que cela peut procurer dans un couple, l’excitation, et aussi le fait de ne pas pratiquer trop régulièrement cette action.

Tout cela ne me rassure pas pour autant. Cependant je fais confiance à S.

Et le jour J arrive.  Je rejoins S. chez lui pas très à l’aise. Il m’accueille à s apporte avec un tube en main. Me le montre : du lubrifiant ! me sourit en me disant « ça peut attendre un peu ». Il sait très bien comment faire monter la pression… je m’installe dans son salon et il me sert à boire. J’attrape mon verre et je le vide assez vite pendant qu’il me parle d’un roman qu’il vient de finir.  Il s’absente quelques secondes pour aller dans sa chambre. J’en profite pour essayer de me servir mon troisième verre, S. m’arrête « tu n’as pas besoin de ça ». Ses yeux plongent dans les miens, et comme d’habitude je retrouve la sérénité et la confiance qu’il sait me prodiguer.

Il me lève, m’embrasse et me dirige vers sa chambre. Il ouvre la porte et je découvre des pétales de roses au sol et sur le lit, des bougies allumées, un léger parfum d’encens dans l’air, une bouteille d’huile de massage. Je me détends jusqu’à ce qu’il susurre à mon oreille « nous avons encore 40 minutes » et qu’il me renverse sur son lit.
photo du net

Tendres baisers, doux massage, charmantes caresses … tout est parfait, agréable, grisant.


Et ma nuit est aussi surprenante que délicieuse

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