Vendredi soir 18h, appel de S.
« Tu trouveras une enveloppe entre ton matelas et ton
sommier, rendez-vous dans 2 heures précises
-
Je dois emmener quelque chose, ai-je juste le
temps de répondre
-
Non rien, mais tu dois être là pour 20h ».
Et il raccroche
Je fonce dans ma chambre et retourne le matelas tout en me
demandant depuis quand i a préparé tout ça. Je trouve l’enveloppe et la
déchire. Mince une énigme. Je dois
trouver la ville et une adresse. Pour la ville, malgré son nom latin, je reconnais.
Voyons il me faut environ 25 minutes pour y aller. Venant de S. cela me semble
trop simple. Par contre concernant la rue, je comprends qu’il va me falloir de
l’aide. Je prends mon téléphone et
appelle mes parents. Ma mère répond et commence à me parler du temps. Je la
coupe :
« Peux-tu me passer papa s’il te plait, j’ai une
question à lui poser ?
-
Qu’est-ce que je peux faire pour toi, me dit mon
père
-
- voilà je suis invitée à une soirée mais je
dois trouver l’adresse c’est un jeu. Je pense qu’il s’agit d’un homme politique
de la IVème république »
Je lui lis la partie de l’énigme qui nous intéresse et il me donne de suite le nom de l’homme. Je n’ai pas le numéro de la rue donc je rajoute
« Et tu sais à quelle date il a été au
gouvernement ? »
Mon père me donne 2 dates, il n’est pas très sûr. Il me
souhaite une bonne soirée. J’attrape mes clés, mon sac à main, mon manteau et
mon écharpe (c’est l’hiver !) et je fonce à ma voiture. Je me rends compte
que je ne sais pas où se trouve cette rue. Je reviens chez moi, attrape
l’annuaire et le plan de la ville. Je situe la rue et arrache la page. Oui cet homme m’obsède et je ne veux pas le
décevoir.
Je démarre. Je roule. Ce matin je gérais une réunion devant
5 directeurs de site où je mettais en place un plan d’action et ce soir je
fonce sans me poser des questions juste pour lui. 30 minutes plus tard je suis
dans la rue. J’ai le choix entre une grande maison et un magasin de location de
déguisement. Je souris et entre dans la boutique. Je me présente en demandant
s’il y a un colis pour moi. La vendeuse me sort un petit carton avec un mot
pour me préciser de ne l’ouvrir qu’en arrivant.
« Je vous dois quelque chose ?
-
Non le monsieur a tout payé et s’est engagé à
tout rapporter mardi. Il vous a aussi laissé ceci »
Elle me tend une enveloppe et me souhaite un bon week-end.
Je sors du magasin. 18h45. Je regarde le message. Ouf là je sais quel président
est mort dans les bras d’une prostituée ! concernant le numéro de rue, S.
me connait bien : il a dessiné 2 formes à plusieurs angles. Je
calcule : 1ère forme 3 angles, 2ème forme 7angles
donc au 37. Je sors le plan et cherche la rue qui est … à 4 km à peu près et
dans le centre-ville un vendredi soir. Je décide de reprendre ma voiture, j’ose
croire que la chance sera avec moi pour me garer. Et elle est là !
Je découvre que je dois entrer dans une boulangerie. A la
vendeuse, je demande ma commande. Je suis un peu surprise quand elle me tend un
panier en osier rond recouvert d’une serviette à carreaux blanche et rouge. Je
la questionne sur un message ou une enveloppe laissée. Elle n’a rien d’autre
pour moi. Il est déjà 19h15 quand je sors. Je commence à paniquer. Je fais quoi
maintenant ?
Je soulève le panier : des petits pains ronds, une
motte de beurre et un pot de lait en fer. Je cherche un indice au fond :
rien.
Les yeux dans le vague, je réfléchis. En même temps, je pose
le panier dans ma main gauche et là euréka ! je sens un papier. J’enlève le
scotch et attrape la feuille : nouvelle énigme et hélas c’est un lieu
géographique, ma bête noire. Je regarde
l’écriture, cherche en vain dans ma mémoire. Les magasins vont fermer. Un monsieur âgé promenant son chien me
demande :
« Vous avez l’air perdu, vous chercher quelque chose ?
-
En fait je fais un jeu de piste et là je ne vois
pas » je lui tends le papier
J’avoue que voyons sa tête souriante, l’espoir me revient.
Il m’explique que ce n’est pas un lieu géographique mais un ancien métier qu’il
fallait trouver et me donne le nom, bien sûr le nom d’une rue. Puis il
m’indique la route à suivre. Dans mon élan, je l’embrasse sur la joue et je le
laisse là étonné pendant que je me dépêche. Je peux y aller à pied. Arrivée à destination, je débouche sur une
grande avenue mais je n’ai pas de numéro. Il est 19h48. Je reprends ma marche d’un
pas rapide. Une maison bourgeoise, sur la poignet une serviette rouge et
blanche, c’est bon j’y suis. Je m’arrête et souris, décide de fumer une
cigarette, de souffler un peu. Qu’est-ce
que je ne ferai pas pour lui quand même !
Je prends le temps de la savourer puis sonne, le couloir est
allumé. Pas de réponse. Je mets la main sur la poignée, la porte s’ouvre.
Parterre, dans le couloir, des pétales de roses guident mes pas. Les fleurs
m’amènent à la salle de bain où se trouve ma trousse à maquillage que je laisse
chez S. il a vraiment tout prévu et je suis donc dans les temps. Je me
déshabille, prend ma douche, et ouvre le paquet : un serre taille noir,
des bas noirs à y attacher, mes chaussures à talons aiguilles, et une grande
cape rouge… bref le petit chaperon rouge. Mais il va me faire tous les contes
de Perrault ! Je m’habille et je maquille. Un peu de parfum. Je relève la
capuche sur mes cheveux et sors de la pièce.
Entre temps des bougies ont été mises et allumées sur le
sol. Je suis la lueur et débouche dans un salon. Sur un fauteuil rouge est posé
un bandeau noir. Sur la table basse se trouve une caisse. Sur un bristol est
marqué « ce soir petit chaperon rouge je vais te croquer »
Signé : le grand méchant loup ou mère grand ? Un PS : ne pas
ouvrir.
Je m’assoie sur le fauteuil, mets le bandeau sur mes yeux et
attends … longtemps. Il pose ses mains sur mes épaules, je sursaute je ne l’ai
pas entendu arriver. Et je souris quand il me dit « franchement je
n’aurais pas cru que tu serais arrivée à temps ».
(La suite est trop
longe à raconter et puis votre imagination fera aussi bien. Sachez que le
panier a bien servi de petit déjeuner … les petits pains beurrés … et autres
plaisirs gustatifs)
Lundi soir, mes enfants jouent sur la balançoire chez mes
parents pendant que je bois mon thé. Ma mère me dit :
« Et alors ton jeu d’énigme tu y es arrivée ? tu
as gagné quoi ? »
-
C’était juste pour trouver où c’était, et oui la
soirée était très agréable, je réponds
-
Tu as de drôles d’amis quand même, c’est original
et amusant comme jeu »
Je souris sans rien dire avec me reins qui me picotent, mes
seins qui se dressent au souvenir de la soirée. Oui maman tu as raison avec
toute cette routine du quotidien, j’ai trouvé le moyen de profiter de la vie … de
façon plus originale et ô combien épanouissante. Je descends dans le jardin rejoindre mes
enfants, nous balancer. Je suis bien.
Gitane, sombremoi 2003
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