Il n'y aura pas de pénétration, ni sexe, peut-être même pas de plaisir non plus
Il m'attache les chevilles et les poignets je peux bouger je
sens le poids et le froid des chaînes. Il met un foulard sur les yeux, je ne
vois plus rien. Je sens juste sa présence son corps autour de moi. Dans ce silence,
je sais qu’il me regarde. Commencent ses caresses, ses baisers. Puis mes fesses
claquent, mes épaules se morsurent, mes seins se tordent. La douceur d'une
plume m’effleure. J’entends le bruit d'un ventilateur, je sens les bourrasques
chaudes froides finir sur ma peau. Un jet d'eau tiède coule de ma nuque jusqu'à
mes reins. Des glaçons se posent sur mes
lèvres, descendent sur ma gorge, glissent sur mes tétons. Dans cet espace-temps indéfinissable je ne
suis qu'un corps qui résiste encore un peu.
Il accélère le rythme de ses claques, de ses crachats. Il m’enserre,
me caresse. Il m’embrasse, me tire les cheveux. Tout va plus vite, tout va plus
fort. Chaque parcelle de mon corps est en fusion. Je m’épuise et m’assoie les
fesses sur mes talons, les chaines chantent pendant que je descends. Une eau
glacée sur ma tête, il me pince les seins, mord ma nuque. Il est partout, ses
mains me fouillent, me blessent, me caressent. Un liquide chaud entre mes
seins, je sens ma cire se durcir. Ses ongles viennent l’arracher pendant que ses
lèvres gobent mon lobe. Je suis un mélange d’air et d’eau, de chaud et froid,
de bien et de mal. Mon corps ploie, mon cerveau débranche
Une lourdeur m’envahit.
Soudain, je sens venir de mes ovaires une brulure, remonter mes seins, enserrer mes mamelons, et
inonder ma gorge : Le Cri
Le cri, le seul, l’ultime
Il franchit 13 générations, il vient des mères des mères enfantant ma grand-mère, ma mère,
il est la Femme, l’odeur de mes terreurs, la musicalité de mes douleurs, le rythme
de mes erreurs, la couleur de mes bonheurs. Le Cri , celui qui emporte tout,
déchire l’atmosphère, se fracasse dans les astres, se nourrit des tempêtes, se
gonfle de vagues, se façonne des larmes. Le Cri d’une fillette sans mémoire qui
ne sait pas crier, le Cri d’une hirondelle blessée qui ne sait plus voler, le
Cri d’une feuille d’automne qui se laisse balayer, Le Cri de points de
suspension qui ne savent demander les mots qui réconfortent. Le Cri qui s’enfonce
dans l’abime et déchire les nuages. Le Cri du sang, écarlate, effluve salé aux parfums
aquatiques, qui explose en gouttelettes souveraines, jaillissantes des ombres
lunaires. Elles volent, s’alentissent un
instant et viennent se cogner, rebondir en écho turbulent, créant des
arabesques sur mon corps impuissant
Le Cri, d’espoir et de doute, Le Cri des sens et d’essence ...
Le Cri Vital
Je me réveille, essoufflée, assoiffée, trempée de sueur, en position
fœtale. Ma gorge me fait mal, mes cordes vocales étirées et brulantes. Je sens
le Cri, le cri muet qui est resté coincé dans mes rêves chimères ou mon âme pétrifiée,
dans le creux d’une rivière ou sur une plage endormie. Ce Cri, cette étincelle
Je vais prendre une douche, boire 2 verres d’eau fraiche, je
retourne dans mon lit. Derrière mes paupières grises de sommeil, j’appelle le
pygargue, je me colle à son aile pour qu’il m‘envole dans les voyages bleus des
ciels silencieux
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